My Mother’s Language

Je n'ai pas vu ma mère depuis vingt ans Elle s'est laissée mourir de faim On raconte qu'elle enlevait chaque matin son foulard de tête et frappait sept fois le sol en maudissant le ciel et le Tyran J'étais dans la caverne là où le forçat lit dans les ombres et peint sur le parois […]

The Poem Tree

Je suis l’arbre à poèmes. Les savants disent que j’appartiens à une espèce en voie de disparition. Mais personne ne s’en émeut alors que des campagnes ont été lancées récemment pour sauver le panda du Népal et l’éléphant d’Afrique.             Question d’intérêt, diront certains. Question de mémoire, dirai-je. De temps en temps, la mémoire des […]

Burn the Midnight Oil

Il faut passer des nuits blanches, au moins quatre fois l'an.             Je ne trouve pas assez de fous autour de moi pour en faire davantage. Une nuit blanche, ça ne veut rien quand on est seul. Elle exige le partage. Alors la ville s'offre sans penser à la mort. Les gargouilles font leur travail d'exorciste. […]

Dish of the Day

Comme plat du jour nous proposons un ragoût «mortel» assez relevé L'aubergiste n'a pas l'air de plaisanter Pas besoin d'entrée, ajoute-t-il c'est très consistant un vin de pays genre sangria Nous y faisons macérer un œil fraîchement prélevé Celui de Caïn précise l'aubergiste croyant se surpasser en matière d'humour noir Oh vous savez, dis-je j'ai […]

In Vain I Migrate

J’émigre en vain Dans chaque ville je bois le même café et me résigne au visage fermé du serveur Les rires de mes voisins de table taraudent la musique du soir Une femme passe pour la dernière fois En vain j’émigre et m’assure de mon éloignement Dans chaque ciel je retrouve un croissant de lune […]

I’m a Child of This Century

Je suis l’enfant de ce siècle pitoyable l’enfant qui n’a pas grandi Les questions qui brûlaient la langue ont brûlé mes ailes J’avais appris à marcher puis j’ai désappris Je me suis lassé des oasis et des chamelles avides de ruines Étendu au milieu du chemin la tête tournée vers l’Orient j’attends la caravane des […]

The Earth Opens and Welcomes You

(À la mémoire de Tahar Djaout) La terre s’ouvre et t’accueille Pourquoi ces cris, ces larmes ces prières Qu’ont-ils perdu Que cherchent-ils ceux-là qui troublent ta paix retrouvée? La terre s’ouvre et t’accueille Maintenant vouz allez vous parler sans témoins Oh vous en avez des choses à vous ranconter et vous aurez l’eternité pour le […]

More rich taints yer!

Aux carrefours rougis de Nouakchott, Les arrogances sans socles aux volants; En trombe sur les chemins en nids-de-poule, Vers on ne sait quelles vaporeuses occupations. Dans un des intérieurs opulents de l'ilot de richesse De la capitale, les lèvres pincées de la dame En basin riche, psalmodient les éternelles litanies, Les doigts gonflés de métaux […]

from 52 Fragments for the Beloved [7 & 8]

7. Votre parole devenue cette glaise qui sculpte le silence. 8. J'aimerais pouvoir dénuder les entrelacs de votre corps afin d'embraser vos précarités. Je veux les faire miennes. Ainsi me mêler à l’argile qui exauce votre peau et aux décombres de votre sang. Il ne demeurera ainsi en vous aucun lieu d'exil. Sinon les rives […]

52 Fragments for the Beloved [1]

1. Ils appartiennent à l’imaginaire de la souffrance. Celui qui rend humble. Celui qui invoque le goût des mots et des idées. D’où ce lien viscéral. D’où ce besoin de parler, de se dire, de se raconter, de se déployer en l’autre. Elle n’est pas son âme-sœur. Elle est d'un autre manifeste. Car elle descelle […]